Jean-Michel DELANNOY

Diantre !

N'a qu'un œil est mort.

Enfant de cœur pendant sa jeunesse, il l'était moins à l'âge adulte.

Mais la religion ne l'a pas quitté, puisqu'il pouvait parfois citer quelques versets. Un outil supplémentaire lorsqu'il voulait faire rire les gens qu'ils croisaient.

Et pas d'histoires courtes avec lui, non, non, non. Il y ajoutait sa touche personnelle pour tenir un peu plus longtemps les autres en haleine.

Un homme au caractère forgé par la terre et la pénibilité du métier d'agriculteur, transmis par ses aïeux, sans oublier son entreprise dont il tenait tant. Il en parlait encore sur son lit d’hôpital, il y a quelques jours. « Je suis encore chef d'entreprise »

Une entreprise qui embauchait des salariés surtout l'été. Certains sont venus pendant plus d'une dizaine d'années. Pour nous enfants, il y avait toujours de l'animation. On taquinait les ouvriers.

Et puis, ses problèmes de santé ont réduit l'activité. Cela a été compliqué pour lui, tout comme la fin des sollicitations des communes voisines pour ce qui était débroussaillage de haies et déneigements.

Mais il a réussi à garder les vidanges de fosses septiques.

Vous ne lui aurez retiré pour rien au monde. Même pas les nouvelles réglementations. Il avait ce besoin de contact. Et puis C'est toujours mieux, d'être en tracteur, quand on aime gogner un coup à gauche, un coup à droite.

Malgré que nous étions des jeunes filles, nous avons été plongées dans le milieu de la fosse septique. Nous avons découvert celles des corons d'Estrée Blanche, de Bomy, de Coyecques, et j'en passe.

Un peu ballot pour un agriculteur de ne pas avoir eu de garçon. Mais nous faisions le boulot, enfin , celui pour lequel nous étions autorisées. Car son matériel, c'était précieux. Il fallait faire les niveaux, compter jusque 30, parfois 50 pour préchauffer le tracteur, mettre telle vitesse pour rouler dans les champs, ne pas dépasser les 1500 tours, baisser le relevage à l'arrêt, mettre le coupe batterie...

Il est probable que parfois c'était dur pour lui d'avoir eu que des filles, car il arrivait à ma mère de lui dire

« si tu avais eu des garçons, ils seraient probablement déjà partis courir à filles »

C'était un homme, imposant, de part sa carrure, sa voix, son caractère, ses coups de gueule, mais aussi son éloquence, son savoir, ses créations, certes, faites sur le long terme, mais uniques en la matière !

Un passionné de ferrailles, de clefs, de boulons mais aussi de danse. Attaché à Bomy, il y allait dès que l'occasion se présentait. Nous nous souvenons, gamines, de cette allure et de cette vitesse à laquelle il parcourait la piste. J'imagine qu'une même cavalière ne faisait pas deux danses à la suite.

Il était connu et nous savions qu'en nous présentant comme les filles de Jean-Michel Delannoy, nous avions de forte chance d’être accueilli.

Bien que son fonctionnement était plus proche du patriarcat, il n'avait de cesse de répéter qu'il voulait que ses filles soient in-dé-pen-dan-tes. Ces dernières années, passées loin de lui, lui ont prouvé qu'il avait réussi.

Alors, Merci papa, pour ce que tu nous as transmis.

Et je remercie personnellement, ses amis, qui par leur présence et leurs anecdotes, ont remis la couleur qui manquait à l'image que j'avais de mon père.

Nous présentons nos sincères condoléances à toute la famille et on s'excuse pour le retard. Nous venons juste d'apprendre le décès de Jean-Michel . Nous avions plaisir à le rencontrer et de faire appel à ses services. Il est parti bien trop jeune. Amitiés et courage à ses proches en ce moment difficile.

À mon grand-père,
Le premier souvenir qui m'est revenu, c'est celui où tu m'as rendu visite pour prendre des nouvelles suite à mon opération de la main. j'avais vu dans ton regard que tu t'inquiétais pour ma santé.
Le deuxième, c'est quand on allait vidanger des fosses ensemble. Tu passais ton temps à regarder comment je faisais. Tu me répétais: fait pas comme ça, tu vas te faire mal, fait attention à ton dos et surtout mets des gants.
Il y en a encore plein d'autres et dans tous tu apparais comme quelqu'un qui veillait sur nous. Tu étais généreux à ta façon. Tu embêtais tes petites filles, avec les garçons. Parfois, c'était un peu lourd. Mais comme lorsque tu racontais tes histoires, c'était difficile de t'arrêter. Si tu avais pu, tu aurais encore chanté à Solène : " non, non ,non, non, je ne veux pas que tu m'embrasses sur la bouche, ce n'est pas propre, ça attire les mouches."
il nous a manqué plusieurs ingrédients pour passer plus de temps ensemble , mais tu resteras gravé dans nos cœurs. Nous t'aimons papy. à bientôt.

Il avait bien plus que 2 chevaux !

Au-revoir

Une dernière volonté

La vallée